Sam Tanson a dressé le bilan à mi-parcours de la mise en œuvre du Kulturentwécklungsplang 2018-2028 lors des Assises culturelles 2023

Sur invitation de la ministre de la Culture, Sam Tanson, quelque 170 acteurs culturels se sont donnés rendez-vous au Trifolion à Echternach ce jeudi matin, afin de s'échanger sur les cinq dernières années marquées par la mise en œuvre du Kulturentwécklungsplang 2018-2028 (KEP), et pour poser les jalons de la politique culturelle à venir.

Un bilan politique

La ministre a souligné l'approche bottom-up, si fondamentale à la genèse du KEP, qui aujourd'hui figure comme élément clé dans l'accord de coalition du gouvernement et forme la base de sa politique culturelle. Les 62 recommandations du KEP ont accompagné et encadré les efforts et travaux réalisés depuis 2018, permettant en ce jour de dresser un bilan politique par la juxtaposition des résultats obtenus aux objectifs affichés.

Renforcer la liberté artistique à travers une amélioration des conditions de travail des artistes

Parmi les plus importants acquis, Sam Tanson a retenu l'importance accordée à l'artiste qui est au centre des réflexions du ministère. Les initiatives politiques majeures du ministère de la Culture ont ainsi été amplement discutées et négociées avec les principaux intéressé/es, que ce soit dans le cadre de consultations publiques, d'assises sectorielles, de réunions ou de visioconférences en cas de restrictions sanitaires.

Ces échanges ont entre autres permis de constater un manque de stabilité et de sécurité de planification auprès des acteurs culturels. En réponse, le secteur associatif a été considérablement renforcé par le biais d'une augmentation de 155% du nombre de conventions que le ministère entretient avec les associations culturelles, portant leur nombre de 49 en 2018 à 125 en 2023.

De surcroît, la modification du cadre légal réglant les mesures sociales pour artistes et intermittent/es du spectacle a introduit une amélioration concrète et immédiate de leurs conditions de travail, tout en promouvant la professionnalisation du secteur et simplifiant les démarches administratives. Par le biais de la réintroduction du congé culturel, le ministère de la Culture vise à développer davantage le cadre légal visant un renforcement du secteur culturel professionnel et amateur.

La promotion de la création nationale a également pu bénéficier d'un bond en avant, notamment par le développement de la collection d'art du ministère de la Culture (augmentation du budget d'acquisition à 125.000 euros par an et achat de 150 œuvres de 80 artistes depuis 2019) et la création de nouveaux prix culturels, dont les Lëtzebuerger Musekspräisser et les Lëtzebuerger Theaterpräisser, alors que ces derniers seront encore complétés cette année par le premier Kanner- a Jugendtheaterpräis du Luxembourg.

L'expansion qu'a connue notre secteur culturel ces dernières années n'en a certainement pas ôté la complexité, bien au contraire. Afin de garantir un traitement et une rémunération justes et équitables de nos créateurs et créatrices, l'introduction d'une charte de déontologie, qui compte à ce jour 123 structures signataires, a pour objectif de garantir le maintien des valeurs d'éthique et de professionnalisme qui sous-tendent la relation de confiance entre les structures culturelles, les artistes et les citoyen/nes.

Améliorer la gouvernance par la création de nouvelles structures et le renforcement des structures existantes

Le vote, à la Chambre des députés, de 5 lois conférant le statut d'établissement public au Trois C-L, au Casino, au Mudam, au TNL et aux Rotondes, cet après-midi, représente un pas décisif envers une meilleure reconnaissance de la mission d'utilité publique remplie par ces institutions, tout en contribuant à une meilleure égalité de traitement du personnel de ces structures, dont l'engagement et le savoir-faire vont de pair.

De même, la réforme de la loi relative aux instituts culturels de l'État en décembre dernier permet à ces derniers de s'appuyer sur un cadre législatif moderne et adapté à la démultiplication de leurs activités, leurs effectifs et leurs moyens financiers.

La création de Kultur|LX en 2020 répond à une demande émanant du secteur. En se dotant de son propre Arts Council, la scène culturelle est désormais représentée de manière conséquente et cohérente sur les plus importantes rencontres internationales.

Après avoir rappelé la création de nouveaux endroits purement dédiés au travail et à la création artistiques, tels que les 45 ateliers mis à disposition de l'AAPL au Verlorenkost, Sam Tanson a porté son regard sur l'avenir et les 20 projets de constructions prévus ou en cours, dont le nouveau bâtiment pour les Archives nationales, l'aménagement de la Villa Louvigny en tiers lieu culturel, le futur Centre national des collections publiques sur le site NeiSchmelz ou encore l'aménagement des Rotondes, du TNL etc.

Conserver, documenter, valoriser

Un changement de paradigme a également pu être introduit par la loi du 25 février 2022 relative au patrimoine culturel, qu'il soit architectural, archéologique, mobilier ou immatériel. Une protection systématique, commune par commune, de notre patrimoine bâti instaurera ainsi dans les années à venir une cohérence qui faisait jusqu'ici défaut, tout en ouvrant la voie à une meilleure valorisation du patrimoine.

Appuyée par les efforts menés par le ministère de la Culture en faveur de la digitalisation des collections des instituts culturels, la valorisation de notre patrimoine sera prochainement davantage développée par la création d'un Konschtarchiv ayant pour but la documentation de l'histoire de l'art du Luxembourg.

Le public et la région

En tant qu'élément central de sa politique culturelle, Sam Tanson est revenue sur le développement et l'inclusion du public au Luxembourg. Elle a souligné l'approche démocratique qui caractérise l'offre culturelle, que ce soit par le biais des prix abordables ou encore le Kulturpass, qui offre un accès à la vie culturelle pour tous les membres de notre société.

Néanmoins, les études, telles que l'enquête au sujet du public des musées en 2020, commanditée par le ministère de la Culture, démontrent que l'accès à la culture n'est pas uniquement tributaire des facteurs économiques. En effet, le goût de la culture se transmet idéalement dès le jeune âge, d'où l'importance de développer davantage la diversité du public et d'œuvrer en faveur de l'inclusion de tous. La ministre a salué l'approche participative développée par la Capitale européenne de la culture Esch2022, et qui a contribué à la genèse d'initiatives telles que la Konschthal, le Bridderhaus, l'Ariston à Esch-sur-Alzette, ou encore le Spektrum et le Pavillon Source BelVal.

Transparence et financement

Le Kep est le premier document qui a saisi toute la diversité et la complexité du paysage culturel au Luxembourg, grâce notamment aux états des lieux précis et complets de tous les domaines artistiques et culturels. Avec les données relevées et une connaissance approfondie des besoins réels des différents secteurs culturels, nous devons adapter notre politique culturelle et tout cela n'est évidemment pas possible sans budget conséquent. En 2023, le budget à disponibilité du ministère de la Culture était de 183 millions d'euros, ce qui représente une hausse de 38 millions d'euros par rapport à 2018 et une progression de 26% par rapport au budget de la période législative précédente.

La mise en oeuvre du KEP en chiffres

Jo Kox, premier conseiller de gouvernement au ministère de la Culture, a ensuite passé en revue la mise en œuvre du Kulturentwécklungsplang 2018-2028, pour la période de 2018 à 2023. Avec un taux global d'accomplissement de 60% au 1er juin 2023, 13 des 62 recommandations du KEP ont pu être entièrement ou alternativement transposées, alors que 46 sont en cours de transposition et deux en suspens, une recommandation n'étant pas transposable. Les détails concernant l'avancement de la mise en œuvre des recommandations du KEP sont mis à jour à intervalles réguliers et peuvent être consultés sur le site https://kep.public.lu/fr/mises-en-oeuvre-du-kep.html.

Table ronde: (Re)penser l'écosystème culturel avec le KEP

Serge Ecker, Edsun, Nora Koenig, Steph Meyers et Nathalie Ronvaux se sont alors échangés au sujet de l'écosystème culturel luxembourgeois à l'occasion d'une table ronde animée par Christiane Kremer. Les intervenant/es ont dressé un bilan de l'évolution de l'écosystème culturel pendant les cinq dernières années et ont mené des échanges au sujet des défis qui se présentent actuellement au secteur culturel, dont notamment la sensibilisation et le développement du public ainsi que la valorisation du travail créatif au Luxembourg, tout comme la difficile navigation de l'aspect administratif d'une carrière d'artiste.

L'enregistrement des Assises culturelles 2023, y compris l'intégralité des débats, sera publié sous peu sur la chaîne YouTube du ministère de la Culture.

Communiqué par le ministère de la Culture

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